Cardinal Sarah, un autre saint Paul au Vatican

Dieu ou rien est aujourd’hui le vade-mecum spirituel qu’il faille avoir dans sa petite bibliothèque, à l’heure où plusieurs de nos contemporains se sentent déboussolés, perdus, dans un monde postmoderne qui ne leur offre plus de repère, plus d’horizon rassurant. Là (…) jaillit une lumière pour nos pas. Une prose claire, vive, vigoureusement christique. On a l’impression qu’au fil des pages que c’est saint Paul qui nous invite à écouter l’une de ses harangues de feu. Or ce n’est pas le cas.

C’est un cardinal africain expérimenté, originaire de la Guinée, Robert Sarah, que le vaticaniste Nicolas Diat fait réagir sur des thématiques aussi diverses que l’Afrique, la liturgie, la curie romaine, la morale, la place de Dieu. Sujet fondamental et récurrent de ce livre-entretien. Car pour Mgr Sarah la crise que traverse l’Occident n’est pas celle de l’économie, de la politique mais celle de Dieu. Ce Dieu qu’on essaie de faire taire à travers des actions définies, calculées, redoutables, pour que vive la fameuse prophétie nietzschienne de Dieu est mort. Non, le Dieu de Jésus-Christ n’est pas mort pour l’actuel préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements : il est vivant ! Il est central ! Et rien ne doit gommer cette réalité qui a merveilleusement participé au surgissement civilisationnel des nations septentrionales, à l’éclosion des saints encore célébrés sur les autels.

Mais ce Coniagui, qui reçut la foi de l’Eglise grâce aux Spiritains français et fut à la tête du siège archiépiscopal de Conakry, mène un autre combat : celui de la liturgie. Une matière qui a été au cœur de la réflexion féconde des pères du concile Vatican II. Pour lui, il y a eu tant d’erreurs, d’approximations, d’attitudes fantaisistes, dans l’application des intuitions de cet évènement ecclésial majeur. Exemple : la fameuse opposition entre le rite Pie V et le rite Paul VI. Pourtant, la vérité est que ces deux expressions ne se contredisent pas mais se complètent et offrent aux âmes la possibilité de partager l’intimité salvifique du divin Maître.

Le verbe tonique et radical proclamé ici peut quelquefois agacer. Mais nul ne peut ignorer ses évidences, notamment quand il accuse la Fondation Bill et Melinda Gates de mener, à coups de millions de dollars, en terre africaine, une campagne malthusienne des naissances. Pour qu’enfin triomphe une nouvelle éthique empreinte de duperie.

Dieu ou rien, cardinal Robert Sarah avec Nicolas Diat, Fayard, 415 p., 21,90 euros.

Guillaume Camara

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