Le Brexit ou la victoire des peurs

A la suite du Brexit organisé le jeudi 23 juin, les Britanniques ont clairement indiqué qu’ils préféraient désormais se retirer de l’Union européenne. Ce qui politiquement représente un vrai séisme, un chambardement institutionnel. Même s’il est vrai que les dernières heures, précédant cette date fatidique, prédisaient un autre scénario moins dramatique. Autrement dit un résultat plus favorable aux partisans du Remain (le maintien). Mais le peuple s’est exprimé. Il a rendu son verdict. Sa décision, cruelle pour certains, juste pour d’autres.

Comment comprendre ce qui vient de se passer ? La vérité est que les Anglais, depuis leur entrée le 1er janvier 1973 dans la CEE, n’ont jamais été des membres zélés de ce grand ensemble, des europhiles convaincus. Leur attitude a toujours été faite d’ambiguïté. Par exemple, ils voulaient être dans la maison Europe tout en gardant la livre sterling, leur monnaie nationale. En outre, l’ambiance, dans laquelle s’est faite la campagne de ce référendum, a été pour le moins délétère et tragique. Jo Cox, jeune parlementaire, étoile montante du Parti travailliste et pro-Europe, a perdu sa vie.

Alors que les eurosceptiques, conduits par l’ancien maire de Londres, Boris Johnson, s’évertuaient à tenir des discours mensongers et apocalyptiques autour de l’Europe. En n’hésitant pas d’affirmer à leurs ouailles que le mal anglais résulte avant tout de cette Europe. Une Europe qui leur prend plus qu’elle ne leur en donne. Par conséquent, il faut la quitter pour retrouver l’indépendance. Que s’il y a encore beaucoup d’immigrés en Grande-Bretagne, c’est d’abord et surtout la faute à cette fameuse Europe.

Ceux qui, prêchaient le contraire, voyaient dans l’Europe comme une occasion d’approfondir un trésor institutionnel, de perpétuer un idéal fait de paix, de stabilité et de rayonnement économique. Car si la City (poumon financier anglais) est ce qu’elle est, aujourd’hui, c’est parce qu’elle appartient à un univers fondamentalement européen.

Le triomphe du non à l’Europe, qui est sans doute le prélude à un démantèlement du Royaume-Uni, est un échec monumental pour les partis classiques britanniques. Qui n’ont pas su parler, avec amour et séduction, avec clarté et assurance, de la flamme européenne. De l’Europe qui n’est seulement pas faite de procédures ou de contraintes. S’ils l’avaient fait, le camp des eurosceptiques n’aurait pas crié victoire, la raison aurait remporté sur les crispations et les délires.

Guillaume Camara

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