Les rues de Banjul sont encore en fête, les gens pavoisent. A la suite de la victoire d’Adama Barrow à l’élection présidentielle. Pour beaucoup de Gambiens, ce succès électoral de Barrow est inattendu, inespéré. La raison : depuis plus de deux décennies, la Gambie, sous la direction de Yahya Jammeh, n’a jamais connu d’alternance démocratique ; le pays est resté figé politiquement. Certes, les élections y avaient eu lieu. Mais c’était toujours le même homme qui raflait la mise, qui prétendait avoir gagné.

Or, cette fois, bigrement, le prince a reconnu sa défaite. Avec panache, par ailleurs. Puisqu’il a lui-même appelé le vainqueur pour le féliciter. Un geste très rare en Afrique, où les chefs d’Etat ont plutôt tendance à s’accrocher à leur fauteuil présidentiel. Mais qu’on se rassure : les temps ont bien changé… Grâce à cette opinion africaine qui est devenue plus réactive, plus sourcilleuse, en matière de respect des principes démocratiques.

La démocratie n’est pas une affaire de rhétorique mais une affaire d’exigence ! Tel est le refrain qui doit désormais retentir partout où subsistent des résistances, qui obstruent l’avenir des peuples.

Jeudi, les Gambiens, par leurs bulletins de vote, ont signé la fin d’une autocratie. D’un cycle politique, qui n’a fait que les appauvrir. Le dernier classement de l’indice humain de développement classe leur nation à la 172e position. Sans compter maintenant que sous Jammeh les droits des opposants politiques et des journalistes – beaucoup sont encore en prison – ont été bafoués. Et sur le plan international, la Gambie a récemment fait couler tant d’encre et de salive après l'annonce de son retrait de la Cour pénale internationale.

En février, Barrow devra donc penser à la résolution de tous ces points, lorsqu'il prendra les rênes de l'Etat. S’il veut en tout cas que perdure l’espérance qu’il porte à présent.

Guillaume Camara

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