Dans le microcosme politique africain, Etienne Tshisekedi fait souvent penser au Sénégalais Abdoulaye Wade : tous les deux ont été longtemps des opposants. Des éternels opposants. Mais avec quelque nuance près, le second fut président du Sénégal, et le premier ne le fut jamais pour la République démocratique du Congo. Cette géographie immense qu’il a tant aimée, et qui aujourd’hui met ses drapeaux en berne pour l’honorer. A la suite de son décès à Bruxelles.

Ah, nous sommes tous un peu attristés d’avoir perdu un homme dont le panache et la ténacité ne laissaient personne indifférent. En vérité, la politique aura été la grande passion de sa vie. De son itinéraire si mouvementé, plein de rebondissements

Ainsi, dans son aventure terrestre, reviennent trois étapes marquantes. D’abord, sa naissance le 14 février 1932 à Kananga. Puis, en 1961, avec un doctorat en poche, il devient le premier diplômé en droit de son vaste pays. Et intègre le gouvernement provisoire piloté par Joseph-Désiré Mobutu.

La deuxième phase de son parcours est ponctuée d’une grave accusation, selon laquelle il prit part à l’extradition de plusieurs lumumbistes (Jean-Pierre Finant, Emmanuel Nzuzi, Christophe Muzungu, Joseph Mbuyi…) vers le Sud-Kasaï sécessionniste.

La dernière étape, dans les années 90, le Zaïre (le Congo d’aujourd’hui) est instable. On y organise une conférence nationale souveraine. Tshisekedi décroche alors, et pour la première fois, un maroquin très important : le poste de premier-ministre. En décembre 2011, il participe à la présidentielle, sous les couleurs de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS). Mais c’est Joseph Kabila qui est déclaré vainqueur de ce scrutin, par ailleurs contesté et truffé d’irrégularités.

Ainsi donc fut la vie d’Etienne Tshisekedi, une vie pour laquelle retentit aujourd’hui un requiem de consolation.

Guillaume Camara

 

 

 

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