Italie-carte
 
Quelquefois il nous arrive de douter de l’humanité. De ne plus croire en sa réelle existence, de ne plus nous laisser guider par le beau parfum qu’elle exhale, de ne plus entendre son évangile qui fait des Hommes (de tous les hommes), des frères.

 

Car l’épisode que vient de connaître Rosarno, en Calabre (sud de l’Italie) dépasse tout simplement l’entendement. Il est une vive sidération. Il est une plaie béante pour toute conscience droite. Là-bas, des ouvriers agricoles immigrés, manifestant, pour la plupart, pour l’amélioration de leurs conditions de vie précaires, ont été pris à partie par une foule haineuse, franchement xénophobe et raciste. On y a décrété la chasse aux immigrés, aux Noirs. Du coup, ce bourg n’a plus ses immigrés, ses Noirs. On ne veut plus d’eux. On les hait. Et on le proclame, sans ambages, à la face des caméras du monde.

 

Souvent on accuse les mass médias de mystification lorsque ces derniers tentent de relater des faits touchant au racisme ou à la xénophobie. Rien de tel à Rosarno. Nous y avons réellement entendu des mots contre l’Autre. Parce qu’il est différent par sa couleur de peau, par son origine, par sa culture, par son accent.

 

Dégoût sur la terre ; dégoût à Rosarno. Rosarno illustre que les démons fascistes et racistes d’hier ne sont pas morts en Italie. Ils sont omniprésents. La Ligue du Nord peut exulter ; son règne machiavélique prend de l’essor ; elle qui, à longueur de discours, assimile l’immigration à l’insécurité, à une dépravation des mœurs culturelles.

 

Rosarno, c’est aussi la fin du politique.

 

Guillaume Camara

 

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